Au printemps 2020, un mouvement iconoclaste international s’est attaqué aux statues représentant des personnes liées à la période esclavagiste et coloniale, installées dans l’espace public. Les contestations de ces figures ont pris des formes plus ou moins violentes, de la contestation verbale jusqu’à la destruction totale.

Au-delà de la volonté de faire tomber ces figures controversées, ces contestations interrogent la dimension coloniale de notre présent, c'est-à-dire la continuité historique des inégalités sociales et économiques entre les territoires anciennement colonisés et les États-nation anciennement coloniaux.

Pour certains, ces statues représentent une violence symbolique à l’égard des descendants d’esclaves. Pour d’autres, elles ne sont que des supports sur lesquels sont projetées des revendications politiques.

Ces constatations mettent en lumière différentes conceptions des rapports entre l’histoire et la mémoire, et questionnent ainsi le rôle des historiens dans l’élaboration des politiques mémorielles nationales. Enfin, en tant qu’objet patrimonial, en choisissant les statues comme cible, les manifestants interrogent les processus de constitution et de révocation du patrimoine.