Avant d’étudier les possibilités d’avenir pour les statues présentes dans l’espace public liées aux périodes esclavagistes et coloniales, il s’agit de comprendre ce qu’est l’objet de statue en lui-même et ce qu’il représente. La multiplicité des aspects sous-jacents fait de la statue un objet non-identifié, responsable de la formation d’une controverse.
Avant d’étudier les possibilités d’avenir pour les statues présentes dans l’espace public liées aux périodes esclavagistes et coloniales, il s’agit de comprendre ce qu’est l’objet de statue en lui-même et ce qu’il représente. La multiplicité des aspects sous-jacents fait de la statue un objet non-identifié, responsable de la formation d’une controverse.
Avant d’étudier les possibilités d’avenir pour les statues présentes dans l’espace public liées aux périodes esclavagistes et coloniales, il s’agit de comprendre ce qu’est l’objet de statue en lui-même et ce qu’il représente. La multiplicité des aspects sous-jacents fait de la statue un objet non-identifié, responsable de la formation d’une controverse.
Avant d’étudier les possibilités d’avenir pour les statues présentes dans l’espace public liées aux périodes esclavagistes et coloniales, il s’agit de comprendre ce qu’est l’objet de statue en lui-même et ce qu’il représente. La multiplicité des aspects sous-jacents fait de la statue un objet non-identifié, responsable de la formation d’une controverse.
UN OBJET
Artistique
une oeuvre d'art materielle
Une statue est un ouvrage de plein relief, sculpté ou moulé, représentant en entier un être animé, et par allégorie, une qualité abstraite, un élément ou un effet de la nature.
La statue est un objet d’art érigé sur la place publique dont l’objectif est de glorifier un individu, préserver son souvenir, célébrer sa victoire ou son accomplissement. La matérialité de la statue et sa dimension artistique sont premières et précèdent la finalité de son érection.
Autrement dit, avant de représenter et/ ou glorifier un individu, la statue est le résultat du travail de la matière par un sculpteur, qu’il s’agisse du bronze, du marbre, du cuivre.
Cette matérialisation dans une forme est à l’origine de la reconnaissance de l’érection d’une œuvre et du travail de l’artiste. Cette matérialité confère à l'œuvre sa rareté et sa spécificité. Les statues présentes dans l’espace public constituent un patrimoine artistique datant majoritairement du XIXème siècle.
" Finalement pour les statues, le fait qu’elle soit en marbre, en bronze donne peut-être le sentiment qu’elles sont dures à cuire; qu’on peut tout leur faire subir; imaginez la même chose sur un tableau de Rubens"
Karen TAÏEB, adjointe à la mairie de Paris en charge du patrimoine, de l'histoire de Paris et des relations avec les cultes
rare, fragile et perissable
Jacqueline Lalouette, dans son entretien, rappelle que les statues sont “des œuvres artistiques, parfois réalisées par de grands sculpteurs”. Elle prend l’exemple de la statue de Victor Schoelcher à Cayenne réalisée par Louis-Ernest Barrias, sculpteur reconnu du XIXème siècle ayant produit pour plusieurs expositions universelles et dont la plupart des œuvres sont aujourd’hui conservées au musée d’Orsay.
Bertrand Tillier insiste également sur l’objet statue comme réalisation artistique en parlant de la statue de Joséphine de Beauharnais à Fort-de-France, œuvre du sculpteur romantique Vital Gabriel Dubray, qui tient une place importante dans l’histoire de la sculpture. Pour lui, d’un point de vue anthropologique, la statue, l'œuvre est souvent figurative. Les objets contestés sont des “objets figuratifs tridimensionnels” et la matière représente un corps. Ce sont ces corps représentés dans l’espace public auxquels on porte atteinte. Les contestations des statues visent leurs représentations et occultent la dimension purement artistique de l'œuvre. Pourtant, “quand on détruit une statue, on détruit aussi une œuvre d’art” (Bertrand Tillier).
La statue est un objet usé par le temps et les dégradations volontaires émanant des tags ou martèlements mais aussi des produits utilisés pour nettoyer ces atteintes. Karen Taïeb dont le travail est de conserver ce patrimoine artistique à la mairie de Paris insiste sur les dégradations multipliées de l'œuvre “à chaque fois qu’on nettoie, on dégrade! (...) Finalement pour les statues le fait qu’elle soit en marbre, en bronze donne peut-être le sentiment qu’elles sont dures à cuire; qu’on peut tout leur faire subir; imaginez la même chose sur un tableau de Rubens.”
L’objet statue est alors particulier, différent des nomenclatures de rues par exemple, puisque derrière l’objet contesté pour sa représentation, il y a un travail de la matière par l’artiste. Le traitement de la statue est singulier car leurs atteintes sont irrémédiables et touchent directement l'œuvre du sculpteur bien que ce ne soit pas lui qui soit controversé. La dissociation entre l'œuvre et l’artiste interroge ainsi que la distinction entre l’objet d’art et l’objet de mémoire. Prise isolément, la statue dans sa dimension artistique n’est pas soumise à controverse. Or, sa “tridimensionnalité” la préempte dans la lignée des contestations.