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"Ces actes témoignent aussi du désir de figurer, c’est-à-dire d’être représenté, dans l’espace public d’une République qui ne met à l’honneur qu’une petite partie seulement de la population.”

Qui est-elle ?

M. Larrere est une historienne française, maître de conférences à l'université de Paris-Est Marne-la-Vallée, spécialiste de l'histoire des révolutions français du XIXe siècle et chroniqueuse pour Arrêt sur images et Mediapart.

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Positionnement  

“Dans l'histoire de la république, il y a eu nombre de déboulonnage de statues, de changement de noms. faits par les républicains!  et ouais c'est compliqué l'histoire hein Manu?”

Dans une tribune parue dans Regards.fr et co-écrite avec Guillaume Mazeau, elle va explorer les origines du déboulonnage, phénomène spectaculaire mais également récurrent, et analyser les réactions que cela suscite.

 

La question de la remise en cause du patrimoine statuaire va être mais en interrogeant les raisons pour lesquelles ce patrimoine est devenu aujourd’hui intouchable et suscite des réactions disproportionnées dès qu’il est mis en question par ceux qui ne retrouvent pas dans ces représentations.

 

Les deux historiens envisagent ces réactions comme des formes “d'émotions patrimoniales” en reprenant le concept forgé par l’anthropologue Daniel Fabre. Selon eux, ce rejet des contestations témoignent de “l’hypersensibilité de nos contemporains envers toutes formes de traces du passé”. Derrière ces contestations apparaissent la question de l’héritage de la colonisation et de l’esclavage, mais également celle de la place des “grands hommes”, symboles des valeurs nationales et de l’universalisme français.

 

“Ces actes ne sauraient donc être uniquement assimilés à une soif gratuite de destruction du patrimoine ou de la culture. Ils témoignent aussi du désir de figurer, c’est-à-dire d’être représenté, dans l’espace public d’une République qui ne met à l’honneur qu’une petite partie seulement de la population.”

 

“Les historiens et les historiennes ont mieux à faire que de débattre des heures durant sur le bien-fondé de telle ou telle statue. Ils ne sont surtout pas nécessairement les plus légitimes pour le faire. En revanche, ces choix pourraient être soumis à la consultation et à la discussion citoyenne.” 

 

Ils relèvent également la question des inégalités de représentation au sein de la statuaire publique française et fournissent une explication.

 

“La « statuomanie » républicaine, a dessiné un panthéon de bronze excessivement masculin et blanc, valorisant les figures de l’ordre et du consensus – excluant de ce fait les minorités politiques, sociales, sexuelles et racialisées de l’honneur public. À peine 7% des statues de nos rues représentent des femmes.”

 

Guillaume Mazeau et Mathilde Larrère évoquent également la dimension coloniale du présent en liant les inégalités contemporaines avec la violence de ces symboles.

 

“Pour celles et ceux qui subissent aujourd’hui des discriminations, des stigmatisations et des inégalités issues du passé colonial, la mise à l’honneur des colonialistes est une violence.” 

 

Pour eux, derrière cette présence de figures coloniales dans l’espace public, c’est l’absence des visages qui ont souffert de cette domination qui est soulignée.

 

“L’effacement de celles et ceux qui, au contraire, ont lutté contre l’esclavage et la domination coloniale est, quant à lui, ressenti comme une injustice.” 

 

En ce sens, les contestations, violentes ou pacifiques, “ne sauraient donc être uniquement assimilées à une soif gratuite de destruction du patrimoine ou de la culture. Ils témoignent aussi du désir de figurer, c’est-à-dire d’être représenté, dans l’espace public d’une République qui ne met à l’honneur qu’une petite partie seulement de la population”.

 

Solutions envisagées

Deux solutions sont envisageables lorsqu’une statue est contestée dans l’espace public: sa destruction ou sa conservation. 

Si elle est conservée, le musée pourrait être un lieu possible pour garder à l'état de "chose historique". Toutefois, ce n’est pas pour autant complètement désactivée ni neutralisée, elle peut encore produire des effets, des révoltes, des adhésions. 

Ce qui diffère, c’est son statut qui n’est plus le même qu’elle avait sur la place publique où elle semble héroïser une personne ou un événement. 

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Analogie

Par association d’idées, on l’affilie à l’historien Guillaume Mazeau.

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Ressources

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  • “Laurence De Cock, Mathilde Larrère et Guillaume Mazeau, L’histoire comme émancipation.” Le Carnet du Mouvement Social (Mai 2020). Disponible en ligne : https://lms.hypotheses.org/10647

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