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“Cet épisode sur les statues c’est une bonne nouvelle pour nous, une bonne nouvelle pour faire de l’histoire ensemble, pour s’apercevoir de ce passé colonial encore caché.” 

Qui est-il ?

Historien spécialiste de la Révolution française, maître de conférences en histoire à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est également commissaire d'expositions et conseiller historique pour le théâtre et la télévision. .

 

Positionnement  

Pour lui, les historiens qui voient dans ces contestations de statues un danger d’effacer l’histoire portent une “ancienne conception de l’histoire” où l’histoire est vue comme une “mission”. Elle met en valeur la “mission républicaine, liée au roman national” d’une histoire faite par les historiens, “instituteurs de la nation”, qui “mettent en ordre l’histoire et font la leçon à leurs contemporains”. 

 

“Ces contestations ne sont anachroniques que pour ceux qui n’ont jamais regardé cette histoire en face. Il relève d’un déni assez classique en France du passé colonial.”

 

Guillaume Mazeau rappelle que “l’histoire n’est pas linéaire. On ne vit pas dans les mêmes temporalités. Parfois des passés ressurgissent, le passé colonial ressurgit, au contraire ce n’est pas anachronique, c’est même très actuel”. Il s’oppose à cette lecture des contestations en mettant en valeur la nature mémorielle de ces objets : “L’espace public, c’est pas un livre d’histoire, c’est pas une salle de classe non plus. L’espace public, c’est ce qui subsiste d’un long champ de bataille dans lequel les groupes sociaux politiques les plus puissants ont réussi à mettre leurs traces.” 

 

Au-delà des relations entre les mouvements, Guillaume Mazeau insiste sur le fait que ces contestations apparaissent dans des espaces géographiques dont l’histoire a été marquée par l’esclavage et la colonisation.

 

 “Ce qui se révèle ici c’est la géographie des anciens Empires coloniaux occidentaux. Ce n’est pas totalement une surprise cette géographie, et forcément, elle est globalisée puisque ces empires étaient globalisés.”

 

“Cet épisode sur les statues c’est une bonne nouvelle pour nous, une bonne nouvelle pour faire de l’histoire ensemble, pour s’apercevoir de ce passé colonial encore caché.” 

 

“L’histoire est une pratique partagée pour tout le monde. Dire que tout le monde fabrique de l’histoire et les peuples essaient de revendiquer aussi une place au sein de l’histoire commune en revendiquant, en essayant de raconter leur histoire qui est souvent minorée, effacée, cachée. Et c’est justement une partie des récits qui se sont imposés et que leur nient cette capacité-là.” 

 

Ce débat autour des statues remet en cause la place et la pratique des historiens face à “cette histoire qui ne se dit pas scientifique”. Selon lui, même si les contestations sont justifiées à partir d’approximations historiques ou de lectures mythologiques de l’histoire, elles sont la preuve d’un besoin d’histoire qu’il faut saluer et prendre en compte pour “faire de l’histoire ensemble”.

 

“Les historiens et les historiennes ont mieux à faire que de débattre des heures durant sur le bien-fondé de telle ou telle statue. Ils ne sont surtout pas nécessairement les plus légitimes pour le faire. En revanche, ces choix pourraient être soumis à la consultation et à la discussion citoyenne.”

 

Avec Mathilde Larrère, ils abordent la question de la remise en cause du patrimoine statuaire en interrogeant les raisons pour lesquelles ce patrimoine est devenu aujourd’hui intouchable et suscite des réactions disproportionnées dès qu’il est mis en question par ceux qui ne retrouvent pas dans ces représentations. Ils évoquent également la dimension coloniale du présent en liant les inégalités contemporaines avec la violence de ces symboles

 

“Comment dès lors expliquer l’attachement à ces signes d’un passé qui n’est ni tout-à-fait du passé, ni du patrimoine pour tout le monde ?”

 

“Ces gestes et ces demandes n’existent que pour révéler, au sens visuel et politique, les graves lacunes des politiques de justice sociale et d’égalité qui font obstacle à la vie démocratique et dont les paysages symboliques constituent le reflet.”

 

Analogie

Mathilde Larrère

Ressources

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