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"Il me semble que dans une démocratie mature, aucun personnage historique ne doit être sacralisé. Il faut accepter que des personnages qui semblent appartenir au Panthéon national soient discutés."

Qui est-il ?

N. Offenstadt est un historien spécialiste des mémoires de la Grande Guerre, de la RDA et de l’Allemagne de l’est mais également de « l’urbex », c’est à dire, l’exploitation urbaine des espaces abandonnés. Il est l’auteur de nombreuses publications sur le Moyen-âge, la Grande Guerre, l’espace public. Son dernier livre est intitulé Le pays disparu. Sur les traces de la RDA paru chez Gallimard. Dans sa qualité d’historien, il analyse les mouvements iconoclastes contemporains. Ses recherches sont essentiellement axées sur traitement mémoriel du passé est-allemand (et ses statues et mémoriaux déboulonnés ou disparus) et l’iconoclasme nazi.

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Positionnement  

Il ne faut pas juger, ne pas distribuer des bons et mauvais points. Il faut accepter que l’on choisisse notre mémoire et que la mémoire soit toujours présente.  Durant son intervention dans l’épisode 1 du podcast Paroles d’histoire, il souligne le caractère transnational de ces mouvements, qui est  un trait original. Des concepts comme « mondialisation de la mémoire » ou encore « mémoire transnationale »  sont alors évoqués. Autre élément : les débats critiques sur le passé colonial ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau, c’est qu’ils s’accompagnent d’un débat sur l’espace public. 

 

«Des statues contestées #1. Tempête mémorielle dans l’espace public».

Nicolas Offenstadt identifie trois positions des historiens sur ce débat, trois pôles qui « parfois se chevauchent»  selon lui.

 

“Une tendance historienne défend le roman national (...) confondre mémoire et histoire. Ils considèrent que les demandes de changements sont une atteinte, non pas à la mémoire publique mais à l’histoire.”

 

Pour lui, certains historiens se pensent comme les garants d’une certaine histoire nationale : c’est la position qualifiée de « conservatrice », celle héritée de la IIIe république. Il  les appelle des « intellectuels de gouvernement ».  

 

“Ces historiens fusionnent le débat histoire/mémoire. Ils oublient que les demandes concernent la présentation de la mémoire dans l’espace public et non le récit historique. Ils confondent histoire et mémoire.”

 

“Ceux qui séparent histoire et mémoire. Le débat est un débat de mémoire. On peut réfléchir à des solutions en termes mémoriels, à propos des manières de traiter la mémoire dans l’espace public.”

 

“Ceux qui essayent de donner des instruments savants pour que les gens puissent se déterminer par rapport au passé ». 

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« Des statues contestées #5. Déboulonner, et après ? ».

“Il y a une vraie différence entre la France et l’Allemagne concernant le traitement de la mémoire dans l’espace public, une tradition de vivacité et d’opposition des points de vues sur le traitement du passé.”

 

“L’utilisation très puissante de l’art, pour traiter des enjeux de mémoire, y compris de l’art parfois très critique. Là aussi c’est cette acceptation du débat qui peut être un art très disruptif ou en tout cas peu canonique. De fait, ça peut être utilisé pour ces questions mémorielles. 

 

Exemple : monument au morts à Hambourg, pensé après la première guerre mondiale, finit sous l’époque nazie et marqué de l’empreinte nazie. Après de nombreux débats, ce monument est préservé avec des explications précises de son histoire (quand a t-il été érigé ? Quelles sont les

évolutions qui l’ont marqué?) 

 

Mais aussi avec une contre-oeuvre, faite par un artiste marqué à gauche, Ribliechka, qui met en scène des valeurs contraires à celles qui illustrent le monument. Le visiteur qui se promène là tombe en quelque sorte face à un triptyque : le monument original (art nazi), une explication qui nous dit pourquoi il est encore là et les débats que cela a suscité dans l’histoire ville, et juste à côté cette contre-oeuvre qui est juste à côté, que l’on ne peut pas manqué, extrêmement fortes dans sa manière de dire tout autre chose que le monument. Cette vivacité de l’espace public allemand, utilisant le caractère artistique qui est un enjeu du débat. 

C’est le cas aussi pour les statues colonialistes, comme celle que j’évoquais de Weissmann, une fois démontée, a été retravaillée par des artistes. 

 

Tout un pan du débat n’est pas seulement sur la question : qu’est-ce qui doit partir ? Qu’est-ce qui doit rester ? Mais plutôt : quand ça part, ça change, comment l’art peut exprimer fortement d’autres valeurs que celles de la statue initiale ou en tout cas que les mémoires initiales entendaient célébrer ?”

 

Solutions envisagées

Il est en faveur de la mise en cause des personnages du passé, tout en dépassant l’alternative « garder ou détruire ». Il appelle à un débat dans la « sphère publique » et explique que l’on peut mettre en place un encadrement « explicatifs » ou bien aller vers des « anti-dispositifs ».

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Analogie

Par association d’idées, on l’affilie aux acteurs Emmanuel Fureix, Jennifer Sessions.

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Ressources

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