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“On impose à côté des statues du colonialisme d'autres monuments, on organise des espaces pédagogiques et didactiques ; mais enfin je crois qu’il faut enlever certaines statues de la place publique.”

Qui est-il ?

R. Solbiac est chercheur-enseignant à l’université des Antilles Schoelcher en Martinique. Il a travaillé précisément sur le déboulonnage des statues de Victor Schoelcher en Martinique, notamment par le biais de son livre “La destruction des statues de Victor Schoelcher en Martinique - L'exigence de réparations et d'une nouvelle politique des savoirs”.

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Positionnement  

“Je trouve que la politique mémorielle, menée depuis 1998 par les fondations successives auxquelles la mémoire de ces Français des anciennes colonies a été confiée se caractérise par deux effets pervers. La poursuite de la politique d’amnésie menée depuis l’abolition et la réduction de l’africanité à l’esclavagisation par la France. Ces deux fondations m’apparaissent comme des instruments de maintien de la domination qui n’ont pas suffisamment œuvré de manière tangible contre l’amnésie organisée. Cela tient à leur focalisation sur l’esclavage. Il faudrait une fondation pour la mémoire des citoyens français des anciennes colonies.”

 

Il explique le déboulonnage des statues liée au passé colonial par un traitement mémoriel de ce passé trop homogène.  Pour le chercheur, ceux qui prennent la parole pour s’opposer et dénoncer la violence de ces actes, et accuser les activistes d’incompétences historiques ne prennent pas en considération “la violence permanente que constitue l’hégémonie mémorielle coloniale dans l’espace public.” 

 

Derrière le symbole de ces statues, Rodolphe Solbiac constate : “ la falsification de l’histoire officielle qui a consisté pendant plus d’un siècle à présenter Victor Schoelcher comme le libérateur des Africains esclavagés en Martinique.”

 

Pour lui, il est impossible de célébrer un personnage qui a “œuvré pour une abolition qui n’a pas réparé leurs ancêtres”. 

 

“On impose à côté des statues du colonialisme d'autres monuments, on organise des espaces pédagogiques et didactiques ; mais enfin je crois qu’il faut enlever certaines statues de la place publique.” 

 

“Le paysage existe dans une relation subjective avec ceux qui habitent le lieu, (...) les paysages urbains de Martinique disent que les habitants de ce lieu sont des européens et que la Martinique est une colonie.”

 

"Le monument à la gloire du passé colonial exerce sa fonction dans un ensemble de dispositifs et de pratiques qui contribuent à la marginalisation de la culture vernaculaire dans le lieu, empêche la participation de la population et accentue la marginalisation instituée.”

 

“Ce qu’exigent ces citoyens, (je tiens à les dénommer de cette matière car pour moi la destruction de ces statues est un acte citoyen) c’est un autre rapport au lieu, un autre paysage que celui constitué par les noms de rue et les monuments célébrant des figures de la colonisation (Victor Schoelcher), des colons esclavagistes, (Joséphine de Beauharnais et Napoléon Bonaparte) et des conquérants génocidaires (Pierre Belin d’Esnambuc)”.

 

Solutions envisagées

Il propose ainsi de rendre plus visibles les savoirs établis et de favoriser davantage les travaux des chercheurs antillais. Selon lui, il est nécessaire de réparer les dégâts matériels et moraux de l’esclavagisme pour aller vers un traitement plus équitable des cultures.

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Analogie

Par association d’idées, on l’affilie aux acteurs Karfa Diallo, Jacqueline Lalouette, Karen Taïeb, Yoann Lopez.

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Ressources

  • Rodolphe Solbiac. La Destruction des statues de Victor Schœlcher en Martinique. L’exigence de réparations et d’une nouvelle politique des savoirs. Paris, L’Harmattan. Coll. « Questions contemporaines », 2020. 262 pages.

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